Manuela Paul-Cavallier à la Villa Kujoyama.
Réouverture de la Villa Kujoyama
Le 4 octobre dernier, la Villa kujoyama a réouvert ses portes, après deux années d’interruption. Cette prestigieuse (bien qu’encore jeune) institution, dirigée en association avec l’Institut Français, est au Japon ce que la Villa Médicis est à l’Italie : un lieu de création et d’échanges artistiques, contribuant au rayonnement de la France à l’étranger. Elle est l’unique résidence d’artistes et créateurs français en Asie.
Créée en 1992, la Villa est l’oeuvre de l’architecte Kunio Kato et se situe sur la montagne d’Higashiyama, aux portes de Kyoto. Le bâtiment avait depuis souffert des affres du temps et nécessitait une réhabilitation, rendue possible grâce au mécénat de Pierre Bergé. Une réflexion sur l’évolution de la Villa a aussi pris place. Plus qu’un lieu de résidence d’artistes français, elle doit dorénavant être un lieu de communication, d’une coopération artistique franco-japonaise. Preuve de ce nouvel état d’esprit, la Villa a désormais à sa tête un duo : Christian Merlhiot (directeur) et Suriko Oé-Gottini (directrice du développement et des partenariats).
Architectes, écrivains, plasticiens, musiciens, designers, graphistes, vidéastes… La Villa a, depuis sa création, accueilli plus de 250 artistes. Pour sa réouverture, deux nouveaux thèmes ont été introduits dans le programme des résidences soutenu par la fondation Bettencourt Schueller. Le premier est une ouverture aux métiers d’art, jusqu’ici peu représentés, dans le but de faire dialoguer artisanat d’excellence français et art traditionnel japonais. Le second est la collaboration franco-nippone, la rencontre entre un artiste français et un artiste japonais pour un travail commun.
La villa accueille de nouveaux résidents depuis septembre 2014. Parmi eux, deux représentantes du nouveau programme métiers d’art: la plumassière Nelly Saunier et la doreuse Manuela Paul-Cavallier.
Manuela Paul-Cavallier
Manuela est une artiste d’art contemporain parisienne, née à Nancy, qui travaille les feuilles d’or, les matières et les pigments. Elle se forme à l’histoire de l’art et aux techniques traditionnelles italiennes de dorure sur bois à Florence où elle a vécu dix ans. C’est là qu’elle acquiert un savoir-faire, là qu’elle apprend la fabrication des colles, le travail des pigments, des patines et les recettes ancestrales appliquées à la restauration, qu’elle emploie dorénavant pour ses propres créations.
Pour Manuela, travailler la feuille d’or, c’est avant tout travailler la lumière. Elle joue avec les matières, manie les contrastes, les oppositions : le métal posé sur le bois, les mats et les brunis, l’ombre et la lumière. L’or lumineux s’oppose au noir profond des pigments. Le tout s’équilibre et c’est ainsi que sont insufflés vie et mouvement aux objets inertes. Elle en convient, ses inspirations pourraient être japonaises : « le Livre du Thé » d’Okakura ou « L’Eloge de l’Ombre » de Tanizaki sont les livres clés de sa créativité. Il n’est donc pas étonnant que l’Institut Français l’ait choisie pour une résidence à la Villa Kujoyama. Un séjour pour créer et faire des recherches sur l’art ancestral de la dorure japonaise et sur « l’esthétisme de l’abstraction ».